Nous avons dormi à la belle étoile près de la Torre di Abbacurrente à l'Est de Porto Torres. Au programme de ce matin: achat des billets de ferry, visite du pont romain avec Fab, cueillette de figues, des blanches et des violettes vers les ruines  romaines. Fab prend son bateau pour Propriano vers 14h; il enchaîne avec le GR20. Grosse glande au café en grignotant des tapas: pain carasau, pecorino, jambon. Achat de boutargue de thon et de mulet dans une épicerie fine. Le ferry décole à 16h. À 15h, coup de speed, le Napoléon Bonaparte ( qui depuis a pris un vieux coup de gite dans le Port de Marseille) ne part pas de l'endroit ou l'on avait laissé le biplace hier mais d'un autre quai à cinq kilomètres d'ici. Argh !!!! François doit donc traverser à mach 2 le port en kayak alors que je rejoins le ferry avec la voiture chargée des 3 monoplaces. Par chance, il y a une rampe pas trop loin de l'embarquement (2 km tout de même). Grosse suée pour tracter le K2 sur son chariot. Aussitôt embarqué, direction les sanitaires pour ma première douche depuis 38 jours (je prenais tout de même quotidiennement des bains de mer). Oula!  qui est cet homme dans la glace? j'ai bien maigri, (4 kg dira la balance). Étant donné que je ne me souviens plus du N° de ma carte de crédit et que Domi est partie avec celle de François, il nous reste quelque pièces de monnaie dans les poches, de quoi se payer une bière et quatre boules de pain à bord pour compléter le dîner.  

 Et pour terminer, last but not least: deux photos de Anne.

Arrivée à Marseille; devant nous une voiture embarquée à Ajaccio. Le chauffeur, crâne rasé, T-shirt noir, pas moins de 9 adhésifs "corses" collés à l'arrière de la bagnole dont trois rien que sur la plaque d'immatriculation: des cartes de Corse, des têtes de maure et même des logos de cagoules et de mitraillette. Le modèle de la tire? une Opel Corsa, ça ne s'invente pas...

Étape: Castelsardo >  Porto Tòrres  - Intérêt ** 

Il fait beau mais frais et humide: 17° ce matin. Le duvet 15 degrés me suffit à peine même habillé avec un bonnet.  Le petit vent arrière de 3 beauforts nous fait oublier la fatigue encore présente. Beau spectacle de dizaines de rhisostomea en train de nager dans leurs robes de mariées. Encore une plage immense de 12 km. À la pause, vers Marina di Sorso, nous pouvons observer deux specimens de pêcheurs à la ligne typiquement sardes en train de prendre leur repas: les papiers d'emballage des sandwiches sont jetés directement sur le sable. Les mini calanques se succèdent... ... jusqu'à l'entrée dans Porto Torres. Quelques belles grottes mais cette orientation Nord et la lumière de septembre annihilent mes velléités de photographe. Nous arrivons à 17h à Porto Tòrres dans le port de plaisance près de la caserne des gardes côte. le Sardaigne Kayak Tour est fini. Cette silhouette m'est désormais un peu plus familière. Fab ne retrouve pas la voiture, coup de fil à François qui était parti se balader vers Asinara... en kayak, pas si fatigué que ça finalement. On cadenasse le biplace à une grille pas loin de la billetterie de La Méridionale et on charge les trois monoplaces sur le toit de la voiture, direction le resto pour enterrer ce Tour de Sardaigne. Sur la Piazza Garibaldi, la pizzeria homonyme offre un énorme choix de pâtes et de pizza, difficile de ce décider; ce sera finalement spaghetti alle vongole, pâtes à la boutargue, pizza à la viande de cheval, pizza aux aubergines et jambon fumé, tiramisu et pas mal de bières. Merci la vie !    suite et fin >

Étape: Cala Sarraina > Castelsardo - Intérêt ***  (jusqu'à Isola Rossa)

Le vent est tombé, il fait 19°. Départ dans une mer "Bretonne", vivante, vibrante, déferlante, impressionnante, magnifique; des creux de 1m le long de cette côte escarpée et sauvage créent une ambiance surnaturelle, nous sommes le long de la Costa Paradiso. Fab assure comme un chef malgré son peu d'expérience en kayak. Ce qui ressemblait à des rochers hier, s'avère être des habitations en parfaitement intégrées à ce paysage de steppe. Quelques délires d'architecte comme cette coupole qui a appartenu à Antonioni. Nous mettons 3 heures pour atteindre Isola Rossa. L'eau de la baie est chargée de particules de plastique. En milieu d'après-midi le vent reprend, SW Force 3, de face, pénible. La houle nous empêche de débarquer sur la plage de Badesi, 12 km à l'ambiance très landaise, quelques kiteurs, vent onshore et lagune, un super spot mais bon, pour l'instant on est en kayak et on aimerait bien se poser. Nous sommes contraints de poursuivre jusqu'à Castelsardo que nous atteignons alors que le jour décline. La roche est ici volcanique, les jetées sont faites de gros blocs de lave. Nous bivouaquons dans le port sur la petite plage à la propreté discutable (on n'a pas envie de discuter), un tas d'immondices à quatre mètres mais pas le choix et nous sommes vraiment soulagés d'avoir pu toucher terre avant la nuit totale. Je m'attelle à la cuisine abrité du vent par une touffe de bambous, Fab va chercher une douche sur le port. Gros coup de pompe. Riz au curry/crème, soupe thaï, indémodable crème Mont Blanc. Je me couche rapidement, lecture pour m'abstraire de cet environnement si peu naturel et oublier cette fin de journée. Fab va visiter la ville qui se révèle charmante, pittoresque sur son piton rocheux. Bien malgré nous, nous aurons fait 35 km en 7h30 de navigation.  Pas d’images potables ce jour, alors voici un montage sur des photos de Anne prises du kayak (sacré coup d'œil).

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Étape:  Point 41°11'28" / 09°09'44"  > Cala Sarraina  - Intérêt *** 

Étape: Cala di Villarina (Isola Santo Stefano) > Point 41°11'28" / 09°09'44"   - Intérêt *** 

6h30: François est déjà levé et fait un feu de cade. Tout est humide. Le port de Palau est très bruyant, la ronde des ferries a déjà recommencé. J'avais oublié de remballer un Tupperware de semoule enveloppé dans un T-shirt. Un rat à commencé à attaquer le couvercle sans succès. Un des sacs suspendus à été percé mais l'intérieur est intact. Étape austère (ce n'est que mon sentiment), mais c'est certainement dû à la végétation rase ainsi qu'à l'orientation Nord de la côte, le soleil commence à être bas dans le ciel en ce mois de septembre.

     Le Capo Testa a de sublimes amoncellements de granite; ici la nature semble imiter Gaudi, on croit même voir une réplique de la Pedrera de Barcelone.  C'est une des rares fois ou l'on se dit qu'on profiterait mieux du paysage à pied plutôt qu'en kayak.   Des taffonis gigantesques à la pelle.  François peine de plus en plus, heureusement un bon bivouac nous attend, le plus paisible en 34 jours de navigation.  Petite crique donnant sur un golfe immense.  Une bande de sable de 50 m cache l'estuaire d'une rivière chargée en fer et pleine de mulets. Aucun ne se laissera prendre au filet. Étrangement, pas de moustiques. Le vent d'W est tombé mais le ciel se couvre. Soupe d'oignon et confit de canard/riz/haricots verts, oreillons de pêche/biscuits. À minuit, quelques gouttes de pluie: je monte le tarp rapidement (chat échaudé craint l'eau froide) et François va squatter la tente de Fab.   suite >

Étape:  Le Camere di Mortorio > Cala di Villarina (Isola Santo Stefano) - Intérêt *** 

7h: François relève le filet: un serran et une minuscule rascasse à moitié dévorée. On la cuit et l'on mélange la chair à du vinaigre et de la semoule. Pause de midi à Porto Cervo: courses, le plein d'eau et douche pour certains, rasage pour tout le monde. L'endroit est agréable mais friqué. On y déjeune avant de reprendre la mer.

Passage au Capo Ferro. Petit vent de Nord.  Le Capo d'Orso dont le rocher se voit de loin.  Bivouac à l'Isola Santo Stefano près d'une ancienne carrière de granite abandonnée en 1943 ou trône la statue inachevée de Costanzo Ciano d'un pur style mussolinien. Le site a commencé à être restauré mais le chantier semble abandonné. Belle végétation: romarins, chênes liège, eucalyptus, figuiers. Fab nous fait une brandade de morue (boite + purée) suivie d'un riz au lait instantané; bon, rapide et sans esbroufe, de l'efficace, du Fab, le baroudeur à l'œuvre. N'oublions pas le Vermentino et les cacahuetes. À 19h30, on est au lit. J'ai débroussaillé un coin into the wild parmi les cades, une tanière du genre là ou la main de l'homme n'a jamais mis les pieds; François à tendu son hamac entre des blocs à quelques centimètres de l'eau et Fab à posé son matelas sur un gros bloc de granite. La rumeur des ferries de Palau en face est constante, néanmoins la nuit s'annonce paisible...

20h50:  les rats font leur apparition. On se lève pour suspendre les sacs de nourriture aux arbres. Fab laisse la boite de brandade vide à 3 mètres de son couchage; deux rats se précipitent et se mettent à la nettoyer méticuleusement.

00h20: un cris d'outre tombe suivit de: "il m'a mordu le pied, ce con!". J'éclate de rire. Fab est au prises avec un rat affamé. Il est condamné à monter sa tente. Le rongeur poursuivra son harcèlement toute la nuit et grimpera même sur la tente. Pour moi, lever dans la nuit pour déplacer un bateau qui bouge avec la marée montante.

  La statue commandée par le gouvernement fasciste aurait dû mesurer 13m.
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 Étape: Tavolara > Le Camere di Mortorio. (41°04'10"/09°35'06")  - Intérêt **** 

18° au matin, la température baisse. Petit vent de terre au réveil. Ne sachant si une partie de l’île est en accès libre, nous renonçons au sommet, 656m tout de même, dommage. Traversée du Golfo d'Olbia en direction du Capo Figari et ses falaises. Pause déjeuner sur le versant nord du cap, près d'un cadavre de mouton, toute la plage est à l'ombre et couverte de posidonies, c'est pas la joie; François a mal au dos, il n'a pas récupéré de la longue étape d'hier.   

  Arrivée aux Camere di Mortorio, léger vent de N et soleil radieux.    Nous trouvons un magnifique bivouac sur un des îlots aux fonds très poissonneux: nous sommes sur la Costa Smeralda et ces rochers, bien que distants de 20 km de l’Archipel de la Maddalena, font partie du Parc National. Ce Golfo di Congianus est une splendeur. François place le filet trouvé quelques jours plus tôt à la Cala Gonone et démêlé patiemment avec Anne. Une heure plus tard, deux prises: un serran écriture et un rouget de roche. Nous les mangeons en soupe avec du riz et un cube de bouillon. 19h: attaque de moustiques en piqué; tous aux abris sous les moustiquaires, nous ne nous sommes jamais couchés aussi tôt.  On commence à se détendre chacun dans son nid douillet quand Fab sonne l'alerte aux rats. Branle-bas de combat, la nourriture est fourrée dans les caissons, les bateaux sont amarrés car la plagette est en train de se réduite comme peau de chagrin avec le flot.  Vue sur le Capo Figari et Tavolara au dernier plan.La Sardaigne en ombre chinoise sur fond de ciel rougeoyant, c'est incontestablement un de nos plus beaux bivouacs.

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Étape:  Posada > Tavolara  - Intérêt *** 

La journée s'annonce longue - nous souhaitons rattraper ces 2 jours d'inactivité forcée; lever à 6h et départ à 8. Traversée directe sur le Capo Coda Cavallo avec un vent de 12 Nds dans la truffe. Après 4 heures de navigation non-stop, on arrive enfin au pied d'une banquette de posidonies haute de 1,5m !... Nous n'avons plus toute notre tête et l'on s'évertue en vain à monter un tarp sur ce sol mou ou évidemment aucune sardine n'a de prise. Finalement, on traverse à pied le petit cap pour aller manger sur la plage nord. On refait de l'eau à un robinet et nous repartons pour Tavolara; nous en faisons le tour par le sud, abrités du vent par les grandes falaises de calcaire. Nous croisons deux papys italiens sans gilet mais plutôt bien équipés; l'un d'eux à même une pagaie cuillère. Ils nous disent que franchir le cap est dangereux à cause du vent. Capito Ragazzi mais peut-être devriez-vous enfiler un gilet si c'est risqué. Au cap Ouest, on se prend un grand coup de ventilateur dans la figure mais ça remonte plutôt bien. Passage sous le trou et le semaphore; magnifique mais ça bouge trop pour faire une photo.   Entrée dans la Cala Timone, le vent disparaît instantanément mais une autre perturbation se profile. C'est une zone militaire, nous n'avons pas vu les bouées d'interdiction qui se trouvent au large et ce site n'est pas indiqué sur les cartes, discrétion oblige. L'endroit est en travaux. Arrivée des carabiniers, le chef nous fait les gros yeux. Pendant que nous portons nos bateaux pour franchir l'isthme et ne pas passer la Punta Timone tout au nord, il envoie un subalterne nous chercher une bouteille d'eau et une pomme pour chacun; pour nous donner des forces dit-il après un bref sermon et un exposé très accéléré de géopolitique. Leur uniforme: short, tongs et T-shirt. "Vous n'êtes jamais passés par là, on n'a rien vu", la flemme de faire un rapport sans doute, enfin ça arrange tout le monde. La fin du tour de l'île est splendide, côte verdoyante et le vent dévié par les falaises passe bien au dessus de nos têtes. La nuit s'avance, nous trouvons finalement une plage sale près d'une villa fermée et de quelques ruines dont une chapelle qui nous abritera du vent le temps de faire la cuisine; nous y accédons par les trous dans le grillage. Il y a quelques panneaux d'interdiction. 

  C'est l'anniversaire de Fab, 37 ans; il est allé pêcher des oursins que François lui ouvre. Soupe "chinoise" de François (qui s'entête à nous convaincre de ses talents de cuisinier), pecorino, far aux pruneaux orné d'une bougie.  À 20h30, tout le monde se couche, le soleil finit d'embraser la rade d'Olbia. Toutes nos affaires son éparses, de vrais romanos. Nous aurons navigué 8h30 au final...  À droite, Molara ou il aurait été plus judicieux de bivouaquer, île sauvage et sans aucune interdiction.  suite >

Étape:  Posada > Posada again  - Intérêt * 

 Y compris ces 2 jours d’attente forcée, j'aurais navigué quotidiennement pendant 37 jours. ça ne m'était jamais arrivé en 37 ans de kayak et plus de 20 000 km pagayé (j'ai fait le calcul ce matin, j'avais du temps à perdre). Il a plu dans la nuit, obligés de se lever pour rajuster les tarps. J'ai un peu froid alors je dors tout habillé: bonnet, pantalon, capuche, chaussettes, il fait pourtant 19° au réveil.  7h10: en entendant les voix des copains, j'émerge. Avec la capuche sur les yeux, je m'imaginais encore en pleine nuit. 

 Posada, ciel de traine.

. Vent violent et averses. Des aigrettes survolent le lido. Les vagues se déchaînent au loin, ça déferle en plumets sur la plage. Beaucoup de palombes dans les bois. Je vais voir au cap l'état de la mer, à 20 km de là on aperçoit Tavolara. Les vagues commencent à déborder par dessus la dune. Je repense à Mathieu qui s'était fait prendre entre la mer et le marais à Orosei en Novembre 2008 lors de son tour d'Europe.  Des bergers passent vendre leur fromage et du miel. Vers 16h20, petit tour de 2 heures dans le Delta, on va essayer de ne pas se perdre cette fois-ci. Nous trouvons enfin les 2 bras principaux. Une suisse qui habite ici à l'année nous dit que ce temps va durer encore 5 jours !!!??? On se console avec un repas de semoule aux oignons et poivrons, des cacahuettes, biscuits et salade de fruit.  À l'est, c'est un arc-en-ciel complet sur un fond bleu sombre se reflétant dans l'étang.
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